Vendredi 12 septembre 2025, l’agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France : de AA- à A+.
Ce recul marque la perte d’un grade situé dans la catégorie “haute qualité” et le passage de la France dans la catégorie des notes “simples A”.
Dans un contexte où les finances publiques françaises sont sous tension, cette décision a des implications concrètes pour les investisseurs, la fiscalité, les taux d’emprunt, mais aussi pour la stratégie patrimoniale à adopter.
Plusieurs éléments ont conduit Fitch à cette décision :
Endettement élevé : la dette publique dépasse les 113 % du PIB.
Déficit budgétaire important : les objectifs annoncés pour ramener le déficit sous 3 % du PIB d’ici 2029 sont jugés peu crédibles.
Instabilité politique : la chute du gouvernement Bayrou et la difficulté à stabiliser la trajectoire budgétaire ont pesé lourd.
La perte du grade AA- pour passer à A+ n’est pas qu’une question symbolique. Elle entraîne plusieurs conséquences directes et indirectes.
D’abord, le coût d’emprunt de la France augmente : les investisseurs exigent une rémunération plus élevée pour prêter à un État dont la note est jugée moins solide. Concrètement, cela signifie que chaque nouvelle émission obligataire risque de coûter plus cher au Trésor public.
Ensuite, la demande pour la dette française pourrait se réduire. Certains fonds d’investissement ou institutions, en raison de leurs règles internes, ne peuvent investir que dans des titres souverains considérés comme « haute qualité ». En tombant dans la catégorie des simples A, la France pourrait sortir de ces portefeuilles privilégiés.
Il faut également évoquer l’impact sur les taux à long terme et sur certains produits financiers. Les obligations d’État servent souvent de référence ou de garantie implicite pour les assureurs et les banques. Si la confiance s’effrite, les conditions de financement et la valeur de certains placements peuvent en être affectées.
Enfin, il y a la question de l’image et de la confiance. Pour les investisseurs étrangers, la dégradation envoie un signal négatif sur la capacité de la France à maîtriser ses finances publiques. Cela peut peser sur l’attractivité du pays en matière d’investissement et d’épargne à long terme.
Pour vos avoirs personnels ou vos projets, voici ce à quoi il faut s’attendre et ce qu’il faudrait surveiller / ajuster :
Taux obligataires souverains
Si la France doit emprunter à un coût plus élevé, cela peut signifier que les obligations d’État (OAT) offriront des rendements plus attractifs… mais avec un risque renforcé. Pour les porteurs d’obligations, cela peut signifier une hausse des taux de coupon demandé sur les nouvelles émissions, et une possible baisse de la valeur de marché des anciennes OAT si les taux montent.
Stratégie d’allocation d’actifs
Diversifier géographiquement : envisager des obligations souveraines d’autres États européens ayant des notations plus solides ou stables.
Réduire l’exposition aux actifs sensibles au risque souverain élevé.
Revoir les contrats d’assurance-vie ou fonds garantis qui intègrent beaucoup d’obligations de l’État français.
Planification fiscale et successorale
Moindre confiance des investisseurs pourrait entraîner des ajustements dans les produits fiscaux ou dans la demande pour certains placements considérés comme “safe”. Il est important de vérifier la liquidité, la stabilité et la fiscalité anticipée des produits choisis.
Opportunité d’investissement
Paradoxalement, une note plus basse peut rendre certains actifs plus rémunérateurs : si l’on accepte une prise de risque modérée, certains placements obligataires français ou liés peuvent offrir des primes intéressantes.
Voici ce que je suggère si vous gérez ou souhaitez optimiser votre patrimoine dans ce contexte :
Revoir vos obligations souveraines dans le portefeuille
Vérifier la proportion d’OAT ou de titres de dette souveraine française et l’impact potentiel d’une hausse des taux. Eventuellement diminuer l’exposition si elle est jugée trop risquée.
Renforcer la diversification
Multiplier les régions, devises, secteurs. Ne pas dépendre uniquement des actifs français ou de la zone euro.
Surveiller la qualité des produits financiers
Certains produits financiers intègrent la qualité de la dette publique française comme une garantie implicite. Risque de “corrélation” : si la note baisse, la valeur implicite de garantie s’affaiblit.
Être proactif dans la gestion fiscale
Tirer parti des enveloppes qui protègent mieux contre le risque de taux (assurance-vie, comptes euros diversifiés, produits défiscalisants stables). Verifier les frais et les clauses liées à la rémunération du capital investi.
Anticiper les scénarios
Envisager des scenarii pessimistes (taux d’emprunt qui montent, inflation persistante, réformes structurelles tardives) pour ajuster vos plans de retraite, d’endettement ou d’investissement. Disposer de réserves de liquidité peut s’avérer précieux.
La récente dégradation de la note souveraine de la France par Fitch est un signal fort : elle rappelle que la gestion rigoureuse des finances publiques ne peut pas être laissée de côté, et que l’instabilité politique ou le manque de clarté budgétaire coûtent.
Pour les investisseurs et ceux qui construisent ou protègent un patrimoine, ce changement appelle à plus de vigilance, de diversification, et d’anticipation. Mais ce n’est pas nécessairement une catastrophe : un bon choix de placement et une stratégie patrimoniale bien construite permettront aussi de tirer parti de ce contexte nouveau.